Plantation réalisée par les Harkis sur la montagne de Lure, Alpes-de-Haute-Provence – ©Stephany Silva

L’œuvre forestière des Harkis

En 1962, alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin, des milliers de Harkis ayant servi dans l’Armée française sont rapatriés en France. Accompagnés de leurs familles, c’est à ce moment-là que leurs vies se lient à celles des forêts publiques. Afin de contribuer à leur intégration, l’Administration des Eaux et Forêts (l’ONF de l’époque) a été missionnée par l’Etat pour confier aux Harkis de nombreuses opérations de gestion forestière (chantiers de travaux, et d'entretien…). Certains Harkis sont alors orientés vers des chantiers de forestage et vivent dans des hameaux forestiers, qui se transforment en lieux de vie pérennes.

Les Harkis ont rendu de multiples services à la forêt publique

° Prévention et défense des forêts contre les incendies

Pour ceux qui étaient installés aux abords des forêts méditerranéennes, les Harkis ont réalisé de nombreux travaux indispensables pour limiter les risques incendie. Débroussaillement des bords de route, encadrement du brûlage des végétaux susceptibles d’attiser des incendies, création de points d’eau ainsi que des pistes dites « pare-feux »… Autant d’actions essentielles qui font des Harkis des acteurs essentiels de la sécurisation des forêts publiques françaises.

° Travaux sylvicoles

Les Harkis ont également contribué au boisement, reboisement et entretien des plantations. En réalisant des semis en pépinières dont ils ont assuré le suivi, ils ont ainsi largement œuvré au renouvellement forestier, notamment dans le cadre des chantiers de Restauration des terrains de montagne.

° Circulation en forêt

Les Harkis ont œuvré au développement des routes forestières, indispensables à une bonne circulation en forêt et à la mobilisation des bois.

Ils ont tracé et réparé des sentiers, empierré des chemins afin d’en faire des routes robustes, mis en place et entretenu des fossés le long de ces routes afin d’en assurer leur bonne conservation.

L’Etat organise l’accueil des Harkis notamment dans les hameaux de forestage

A partir de l’été 1962, l’Administration des Eaux et Forêts participe également à la construction de hameaux de forestage où les Harkis et leurs familles seront logés durant plusieurs années.

Au total, 70 hameaux de forestage accueilleront environ 1 500 Harkis et leurs familles un peu partout sur le territoire français. Ces lotissements ont été majoritairement construits dans le sud de la France : 32 d’entre eux se trouvaient en région Provence-Alpes-Côte d’Azur mais il y en avait aussi en Languedoc-Roussillon, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Corse, en Dordogne, en Ariège et dans le Gers, en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire, ou en Charente-Maritime.

Au fil des années, certains de ces hameaux disparaissent, d’autres ont été rénovés pour devenir des logements privés ou des établissements publics : écoles, camps de vacances, maisons forestières ou ateliers… Autrefois lieux de vie et témoins de l’histoire des Harkis, chacun d’entre eux représente encore aujourd’hui un lieu de mémoire collective.

Reconnaissance mémorielle

Aujourd’hui, les filles et fils de Harkis réalisent un très important travail de mémoire afin de rappeler l’histoire de leurs parents et les services qu’ils ont rendus à la France.

Désireux de s’associer à cette démarche et de rendre hommage au travail que les Harkis ont accompli en faveur de l’entretien et du renouvellement du patrimoine forestier français, l’ONF participe depuis 2014 à des actions mémorielles, en partenariat avec les familles de Harkis, l’Etat, les élus locaux et l’ONACVG (Office national des anciens combattants et des victimes de guerre).

Ces actions mémorielles ont notamment consisté en la pose de stèles commémoratives dans plusieurs des hameaux de forestage ayant accueilli les Harkis et leurs familles.

° Fin 2023, l’ONF a établi un partenariat avec la commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis (CNIH), qui œuvre à la réparation des préjudices subis par les harkis. 

° Au printemps 2024, ce travail mémoriel s'est poursuivi. Le mercredi 20 mars, Patricia Miralles, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées et chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marie Bockel, président de la Commission nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation des préjudices subis par les Harkis et leurs familles (CNIH), Marie-Christine Verdier-Jouclas, directrice générale de l'Office national des combattants et des victimes de guerre (ONaCVG) et Olivier Rousset, directeur général adjoint de l'ONF, ont signé une charte visant à poursuivre et enrichir le travail de commémoration des Harkis et de leurs familles dans les hameaux de forestage, à mettre en réseau et valoriser le travail de reconnaissance auprès du public et à protéger les archives.

Pour en apprendre plus sur l’histoire des Harkis : Accueil | Les Harkis