©Patrice Hirbec

Après un incendie, l'ONF sécurise, accompagne et reconstruit

Le passage d’un feu de forêt laisse derrière lui un paysage désolant (sol carbonisé, troncs d’arbres noircis…), potentiellement dangereux, et associé à une odeur de brûlé qui se diffuse plusieurs jours après l’incendie. Une autre phase commence alors : celle de la gestion post-incendie.

La phase de gestion post-incendie mobilise de nombreux acteurs du territoire, avec un double objectif : garantir la sécurité du public et favoriser la régénération des milieux naturels. Dans les forêts qu’il gère, l’Office national des forêts (ONF), en lien avec les collectivités et les services de l’État, joue un rôle central.

Première urgence : sécuriser les lieux

Les forestiers de l’ONF mettent en œuvre des actions prioritaires pour garantir la sécurité des personnes et prévenir les risques secondaires. Certains accès ou secteurs en forêt peuvent être temporairement interdits au public afin de protéger les usagers. Des arbres fragilisés par le feu peuvent en effet chuter à tout moment. Les équipes procèdent alors à des travaux de sécurisation des chemins, identifient les arbres dangereux et nettoient les équipements hydrauliques dans les zones sensibles, notamment en montagne, pour prévenir les crues ou les coulées de boue.

Une expertise des risques secondaires est également menée : érosion, instabilité des sols, chutes de blocs ou crues torrentielles sont autant de menaces à anticiper.

Observer avant d’agir : accompagner la nature

Une fois la zone sécurisée, vient le temps de l’observation et de l’analyse. Les bois brûlés font l’objet d’une expertise : certains peuvent être valorisés en bois énergie, d’autres servir à des aménagements anti-érosion (fascines, marches en bois, etc.). Dans certains cas, les arbres trop abimés sont laissés sur place, notamment pour enrichir naturellement les sols.

Reconstruire la forêt sur le temps long

Un principe fondamental guide cette phase : ne pas précipiter les décisions. La nature a souvent sa propre capacité de résilience. Celle-ci est souvent remarquable.

Dans les mois qui suivent l’incendie, la végétation basse – fougères, genêts, herbacées – réapparaît spontanément. Les forestiers accompagnent cette dynamique naturelle, tout en évaluant la nécessité d’interventions complémentaires à plus long terme.

La reconstitution forestière s’inscrit dans le temps long. Elle repose sur une observation attentive de la dynamique naturelle et, si nécessaire, sur des actions ciblées.

Elle ne passe pas nécessairement et systématiquement par le reboisement. Bien souvent, la régénération naturelle suffit : les graines présentes dans le sol, transportées par le vent ou les animaux, ainsi que les rejets de souches des arbres feuillus, permettent une recolonisation progressive du milieu. Les forestiers veillent à ce que cette dynamique s’installe dans de bonnes conditions et l’accompagnent dans le temps.

En revanche, lorsque la régénération naturelle est insuffisante ou inadaptée aux enjeux locaux – qu’ils soient paysagers, patrimoniaux ou liés à la production forestière – des plantations peuvent être envisagées.

Celles-ci sont alors réalisées en privilégiant la diversité des essences forestières, l’introduction d’espèces plus résistantes au changement climatique ainsi que l’installation d’espèces qui adultes procurent un couvert dense moins vulnérable aux incendies futurs.

Frise décrivant les actions menées par l'ONF pendant et après un incendie

Tirer les leçons de l’incendie

Enfin, chaque feu est aussi une source d’apprentissage. Il permet d’adapter l’aménagement du territoire, de renforcer les dispositifs de Défense des forêts contre les incendies (voies d’accès, citernes…) et de mieux préparer les forêts aux risques climatiques à venir.

La forêt se reconstruit dans le temps long, le temps nécessaire pour qu’un arbre devienne adulte. Les forestiers interviennent à chaque étape de ce processus pour que les forêts grandissent dans les meilleures conditions.

Des actions dans le cadre de la mission d'intérêt général confiée par l'Etat

Certaines interventions menées après un incendie sont également assurées par les agents de l’ONF, dans le cadre de la mission d’intérêt général Défense des forêts contre les incendies (DFCI) confiée par l’État.

  • Cartographie de l’incendie : des cartographies du contour et de la sévérité de l’incendie sont élaborées à partir d’images satellitaires.
  • Recherche des causes : une expertise des zones parcourues par le feu est réalisée juste après le passage de l’incendie. Des équipes interservices spécialisées (RCCI), composées d’un sapeur-pompier, d’un officier de police judiciaire et d’un forestier de l’ONF, réalisent une expertise des zones touchées afin de déterminer l’origine et les causes du sinistre. Les données recueillies par ces équipes, ainsi que par l’ensemble des acteurs impliqués sont ensuite centralisées dans une base nationale : la BDIFF (Base de Données sur les Incendies de Forêts en France).
  • Analyse post-événement : elle s’effectue pour les feux les plus importants. Un retour d’expérience est organisé en collaboration entre les différents services concernés : sapeurs-pompiers, services de l’État, ONF, collectivités, etc.