Réserve biologique intégrale des Béorlots
La réserve biologique des Béorlots est une des sept réserves biologiques intégrales de la forêt domaniale de Fontainebleau. Elle fait partie des trois RBI créées en 2014 pour compléter les toutes premières RBI de 1953, elles mêmes issues des séries artistiques créées en 1861.
La RBI des Béorlots se trouve en limite sud-ouest de la forêt domaniale. Elle est concernée par la vaste ZNIEFF de type 1 "Massif de Fontainebleau" qui englobe toute la forêt domaniale et à laquelle sont superposées une ZSC et une ZPS au titre du réseau Natura 2000.
Depuis 1965, la forêt domaniale de Fontainebleau est un site classé au titre de la loi sur les sites et paysages de 1930. Les forêts domaniales de Fontainebleau, des Trois Pignons et de la Commanderie constituent la plus grande partie de la zone centrale de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, créée en 1988. Pour une protection maximale contre diverses pressions foncières, le massif a été classé en forêt de protection en 2002. Enfin, il a reçu le label Forêt d'Exception en 2012.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Histoire
La RBI des Béorlots, comme toute la forêt de Fontainebleau, est majoritairement constituée de forêt ancienne, dont l'état boisé remonte à plus de deux siècles. Au début du XIXe, une partie ouest du site (sur les actuelles parcelles 644 et 645) était déboisée, au niveau de zones de platières gréseuse. Le site a aussi comporté une carrière, disparue de longue date.
Le Pin sylvestre a été introduit par les inspecteurs des eaux et forêts Jean-Charles de Larminat et Achille de Bois d'Hyver entre 1818 et 1847. On peut voir encore aujourd'hui un Pin Laricio greffé sur un Pin sylvestre par Larminat, qui essayait ainsi d'obtenir des fructifications de Laricio.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
(le bourrelet de greffe reste très visible)
©Dominique Amon-Moreau / ONFGéologie - Pédologie
Le substrat du nord de la réserve est constitué de platières de grès de Fontainebleau, niveu induré au dessus de celui des sables de Fontainebleau (Stampien moyen). Les platières sont elles-mêmes en partie surmontées de calcaire d'Etampes (Stampien supérieur), et l'ensemble du site est plus ou moins recouvert de limons des plateaux (sables soufflés).
Les platières forment des lignes de reliefs d'axe est-sud-est / ouest-nord-ouest. Les versants sableux sont en partie couverts de chaos rocheux issus de l'éboulement des platières.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Milieux naturels
La réserve des Béorlots, reposant principalement sur des platières et des sables, est en grande partie occupée par des peuplements dominés par les pins. Ceux-ci sont aussi présents sur une partie des zones à substrat calcaire, où l'on trouve également des formations à Chêne pubescent représentant possiblement une phase transitoire vers la hêtraie-chênaie : neutrophiles à calcicoles plus u moins sèches (code CORINE Biotopes 41.13 - code Natura 2000 : 9130), voire hêtraie acidiphile atlantique (41.12 - 9120) sur sols acides mais suffisamment profonds. Sur sols acides mais déjà plus secs, on peut avoir de la chênaie sessiliflore (41.52).
On trouve des reliques de pelouses calcicoles sur substrat sablo-calcaire (34.12 - 6120), évoluant en fruticées, et de pelouses silicicoles au niveau d'anciennes dunes décalcifiées (64.1 x 35.2 - 2330), ainsi que de la lande à Callune (31.12 - 4030).
Quelques petites mares temporaires aux eaux oligotrophes sont présentes au centre de la réserve.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
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Flore et fonge
La flore forestière de la réserve est assez peu diversifiée, notamment sous les pinèdes. Les boisements clairs de chênes pubescents abritent des espèces calcicoles communes telles que le Dompte venin, le Troène, le Prunellier, l'Aubépine monogyne.
L'intérêt floristique réside davantage dans les milieux ouverts : les pelouses et fruticées calcicoles hébergent quelques espèces végétales patrimoniales en Ile-de-France : Amélanchier ovale, Helianthème des Apennins, Anémone pulsatille... tandis que les pelouses silicicoles ont un cortège floristique assez pauvre en espèces mais néanmoins intéressant : Corynéphore blanchâtre, Mibore nain, Sabline à feuilles de serpolet, Spargoute de Morison, Teésdalie à tiges nues.
La réserve abrite une espèce protégée au niveau national, l'Alisier de Fontainebleau, et plusieurs espèces protégées au niveau régional : Amélanchier, Aspérule des teinturiers, Céphalanthère rouge, Porcelle tâchetée, Orchis vert.
Comme en règle générale dans les RBI, l'intérêt potentiel de la réserve des Béorlots réside moins dans la flore vasculaire que dans des groupes tels que les champignons lignicoles, qui sont à même de profiter des boisements laissés en libre évolution et s'enrichissant en bois mort. Un inventaire réalisé par le réseau Mycologie de l'ONF de 2017 à 2020 sur l'ensemble des RBI bellifontaines a mis en évidence 58 espèces aux Béorlots, ce qui est peu en comparaison d'autres RBI (Gros Fouteau, Tillaie...) mais cohérent avec le fait que cette réserve ne soit en libre évolution que depuis la fin des années 1990.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Faune
La faune de la réserve des Béorlots a été encore peu étudiée, surtout en comparaison des plus anciennes RBI de la forêt de Fontainebleau.
On dispose principalement de données sur l'avifaune, obtenues dans le cadre d'une étude globale conduite entre 2018 et 2021 par le réseau Avifaune de l'ONF sur le massif de Fontainebleau . Le Pigeon colombin, espèce cavicole, n'est pas présent en raison probablement du nombre encore faible d'arbres creux dans cette "jeune" RBI. On y trouve cependant le Pic noir, qui creuse des cavités ensuite utiles à d'autres espèces. Le Pouillot de Bonelli, espèce emblématique du massif par sa fréquence (remarquable hors zone méditerranéenne) est présent dans la réserve.
Gestion
Les peuplements forestiers et l'ensemble de la RBI (milieux ouverts compris) sont laissés en libre évolution. Seules sont conduites ponctuellement des actions de sécurisation des peuplements :
- sur le périmètre, en particulier le long de la route de la Plaine de la Haute Borne, qui longe la réserve au nord ;
- le long de la route d'Achères à Arbonne et de son prolongement par la route du Sapin blanc, itinéraire de traversée de la réserve autorisé à la circulation pédestre, cycliste, équestre.
En dehors de cette traversée, l'accès à l'intérieur des parcelles de la réserve est interdit, principalement pour des raisons de sécurité du fait de l'abondance d'arbres morts et du risque d chute de branches. Les sentiers balisés qui passaient dans la réserve ont été détournés, en particulier le Tour du massif de Fontainebleau, qui passe dorénavant au nord-est de la RBI.
En dehors des actions de sécurisation, importantes dans le contexte d'un massif fréquenté, la gestion de la réserve consiste essentiellement en études pur le suivi de la biodiversité dans cet espaces placé en évolution naturelle : suivi des peuplements forestiers, inventaires naturalistes.
La chasse au petit gibier est interdite, comme dans toute RBI, mais la régulation des ongulés est maintenue en l'absence de prédateurs. Deux chemins sont entretenus pour ce motif, les autres sont abandonnés.
©Dominique Amon-Moreau / ONF