Les chauves-souris en forêt de Compiègne sous haute protection

De nombreuses maisons forestières en forêt domaniale hébergent pendant la période estivale, des maternités de chauves-souris, dont le Petit Rhinolophe. Les mères se regroupent au chaud dans les combles pour faire naître et élever leurs jeunes. Cependant, la dégradation des maisons et particulièrement des toitures expose ces espèces protégées et sensibles à la pluie et aux prédateurs. Pour contrer ce phénomène, l'Office national des forêts mène de nombreuses actions de conservation aux côtés de partenaires tels que Picardie Nature et le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France.

Un projet de restauration majeur

En fin d'année 2023, un important chantier de restauration de toiture et d'aménagement d'accès spécifiques aux chiroptères a été réalisé sur l'une de ces maisons forestières en forêt de Compiègne. Ce projet a été financé par le Fonds Vert et le département de l'Oise au titre des espaces naturels sensibles. Cet investissement de 40.000 € n'a pas tardé à être récompensé. En effet, le comptage estival de juillet 2024 a recensé 75 mères et au moins une vingtaine de jeunes, alors qu'un maximum de 25 individus avait été retrouvé dans ce même gîte à l'été 2022 avant les travaux.

La maison forestière de l’Etoile de la Reine, située à proximité directe de la Réserve biologique intégrale des Grands Monts, mais également très proche des plaines agricoles, est connue pour abriter dans ses combles en été, une maternité de chauves-souris, vulnérable régionalement. La dégradation du gîte a vraisemblablement été à l’origine de la chute des effectifs présents, de 60 à 90 individus (mères + juvéniles) entre 2013 et 2015, à moins d’une vingtaine en 2022.

Des travaux ciblés pour la biodiversité

Ce projet s’inscrit directement dans la ligne du « Plan régional d’actions chiroptères », visant à préserver la pérennité de cette maternité de petit rhinolophe (parmi les espèces phares ayant contribué au classement du secteur des Grands Monts en Réserve biologique intégrale) par des travaux de rénovation de toiture. La réfection des deux pans de toiture en ardoise naturelle a été réalisée, ainsi que la disposition de quatre "chiroptières", qui sont de petits interstices permettant aux chauves-souris d’entrer dans les combles, mais pas à d’autres espèces de plus grande taille qui les font fuir lorsqu’elles partagent un même bâtiment (chouettes effraies, par exemple).

"Chiroptière" : petite ouverture permettant de laisser passer les chauves-souris. - ©Manon Frangeul / ONF

Ne craigniez pas les chauves-souris !

Saviez-vous que cohabiter sereinement avec des chauves-souris dans une maison est tout à fait possible ? La réalisation de travaux est également envisageable, il suffit juste de viser les bonnes périodes. Si vous avez des questions sur les chauves-souris dans votre bâti, Picardie Nature vous aide gratuitement à cohabiter. Pour plus d'informations, vous pouvez consulter leur site internet : http://www.picardie-nature.org/ 

Colonie de Petits Rhinolophes. - ©Julien Lefevre / ONF

Il est important de rappeler que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France. Détruire, altérer ou dégrader les parties de la maison qui constituent un site de reproduction ou une aire de repos pour ces espèces, ainsi que les accès à ces endroits, est passible d'une amende de 150 000 euros (750 000 euros pour une personne morale) et de deux ans d'emprisonnement (Art. L 415-3).

L'ONF et ses partenaires continuent de travailler activement pour préserver ces espèces essentielles à la biodiversité de nos forêts.