©Nicolas Paranthoen

Les tortues marines, des espèces menacées en Guadeloupe et dans le monde

L’archipel de la Guadeloupe abrite une biodiversité exceptionnelle et riche qui lui revêt un rôle important en matière de conservation mais également de valorisation. Les tortues marines représentent un groupe d’espèces emblématiques de cette biodiversité.

Les tortues marines, des espèces menacées

Vulnérables, elles furent très convoitées pour leur chair, leurs œufs, mais également leurs écailles. Leur exploitation a engendré un déclin de leurs populations actuellement en situation très critique sur l’ensemble de la planète. Des mesures de protection drastiques (au niveau international et local) ont été mises en place ces dernières décennies afin d’enrayer la chute des effectifs de tortues et éviter leur disparition. Aujourd’hui, l’UICN maintient toujours le statut d’espèces menacées d’extinction.

Un Plan national d’actions en faveur des tortues marines

En Guadeloupe, la direction régionale de l’ONF gère la forêt domaniale du Littoral et assure des missions d’intérêt général sur une partie des terrains du Conservatoire du littoral, qui abritent une grande majorité de sites de ponte des tortues marines.

Depuis avril 2017, l’ONF est animateur des Plans nationaux d’actions iguanes des Petites Antilles et tortues marines. Ces dernières bénéficient en effet d’un Plan national d’actions (PNA) sur la période 2020-2029. Il vise à améliorer l’état de conservation des populations reproductrices et l'alimentation des tortues vertes et des tortues imbriquées. Il permet de poursuivre les actions de suivi des populations à terre et en mer et de mettre en œuvre des mesures de conservation et de sensibilisation.

Le comptage des traces de tortues marines, indicateur de leur état de santé

Les tortues marines pondent sur les plages de l’archipel guadeloupéen toute l’année, avec une saison de ponte identifiée de mars à novembre, avec des pics de reproduction variables selon les espèces.

Le suivi de l’activité de ponte des tortues marines selon la méthode de comptage des traces permet d’estimer l’abondance des populations nidifiantes en lien avec leur fréquentation des plages. Pour évaluer des tendances d’évolution des tortues marines, ce suivi doit être standardisé et reconduit durant plusieurs années. Il concerne les trois espèces de tortues marines qui viennent pondre sur l’archipel de Guadeloupe : la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la Tortue verte (Chelonia mydas) et la Tortue luth (Dermochelys coriacea). L’estimation du nombre de traces de ponte est un indicateur standard à l’échelle mondiale pour évaluer l’état de la population reproductrice, et informer sur la tendance d’évolution de cette dernière.

Les tortues marines

Les 3 étapes clés de suivi d'une plage

  • patrouiller sur l’intégralité de la plage lors de chaque comptage matinal des traces de ponte ;
  • répartir les sessions de suivi sur l'ensemble de la saison de ponte des tortues marines du site ;
  • prévoir des sessions d’une quinzaine de jours.

Outre leur intérêt scientifique et pédagogique, ces patrouilles permettent d’assurer une veille sur les menaces littorales qui pèsent sur les individus, les nids, les œufs ou l’habitat de reproduction des tortues marines : prédation des œufs par les mangoustes, attaque des femelles adultes par des chiens, braconnage, circulation d’engins à moteur sur la plage, coupe de végétation...

Ces études de suivi de l'activité de ponte des tortues marines montrent une diminution de la fréquentation des tortues marines sur les plages en 2022.

Les chiffres clés de la Mission d’intérêt général « Biodiversité »

En 2022, la Mission d’intérêt général "Biodiversité" a permis à 9 techniciens forestiers territoriaux de l’ONF Guadeloupe de contribuer activement au protocole de collecte des traces de ponte de tortues marines sur les plages de Port-Louis inscrites en forêt domaniale du Littoral.

20 hommes-jours de suivi ont ainsi été réalisés sur ces plages. Ils contribuent à l’effort collectif déployé sur tout l’archipel par les membres du Réseau tortues marine Guadeloupe (RTMG), dont 6 associations et le Parc national de Guadeloupe. Ensemble, ils représentent une centaine de personnes qui ont pu assurer 7 384 patrouilles sur 92 plages, comptabilisant 2 516 traces de ponte de tortues marines.

Ces données montrent une diminution de la fréquentation des tortues marines sur les plages en 2022, malgré un nombre élevé de comptages comparé à 2021. Les tortues imbriquées restent majoritaires sur les plages de la Guadeloupe. La répartition de l’activité de ponte par commune est globalement similaire à 2021.

Carte bilan des traces de ponte - ©Pierre Soulet