©Dominique Amon-Moreau / ONF

Réserve biologique dirigée du Petit Mont Chauvet

La réserve biologique dirigée (RBD) du Petit Mont Chauvet se trouve en forêt domaniale de Fontainebleau (77).

Localisation

  • forêt : forêt domaniale de Fontainebleau
  • département : Seine-et-Marne (77)
  • région : Ile-de-France

Identité

  • date de création : 09/10/1953
  • date d'extension : 11/01/1972
  • surface : 36,98 ha
  • catégorie UICN d'aire protégée : 4
  • code national INPN : FR2300012
  • code international Protected planet : 62730

Gestion

  • direction territoriale ONF : Seine-Nord
  • agence territoriale : Ile-de-France Est

La réserve du Petit Mont Chauvet fait partie des 7 premières RBD créées dès 1953 en forêt domaniale de Fontainebleau. Elle a été agrandie en 1972.

Elles est concernée par la vaste ZNIEFF de type 1 "Massif de Fontainebleau" qui englobe toute la forêt domaniale et à laquelle sont superposées une ZSCet une ZPS.

Depuis 1965, la forêt de Fontainebleau est un site classé au titre de la loi sur les sites et paysages de 1930. Les forêts domaniales de Fontainebleau, des Trois Pignons et de la Commanderie constituent la plus grande partie de la zone centrale de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, créée en 1998. Pour une protection maximale contre diverses pressions foncières, le massif a été classé en forêt de protection en 2002. Enfin, il a reçu le label Forêt d'Exception en 2012.

Histoire

La RBD du Petit Mont Chauvet est peut-être la réserve bellifontaine la plus marquée par les traces du passé et par une diversité d'usages sans égale. Le site est constitué de forêt ancienne issue d'une longue continuité historique de l'état boisé, mais celui-ci a connu diverses péripéties.

Le Petit Mont Chauvet, comme l'ensemble de la forêt de Fontainebleau, a pendant longtemps été pâturé. A la fin du XIXe siècle, il était en grande partie composé de milieux ouverts qui se sont progressivement refermés avec la dynamique de la végétation arbustive et forestière, jusqu'à ne plus être que relictuels. 

Visible depuis le château de Fontainebleau, le Petit Mont Chauvet est relié par une allée empierrée de plus d'1,2 km de long appelée "avenue de Maintenon". Aménagée au XVIIIe siècle, elle forme un lien physique entre le patrimoine architectural et le patrimoine forestier. Lui-même aménagé au début du XIXe siècle, sous la Restauration, comme lieu de promenade, le Petit Mont Chauvet offrait de larges vues dégagées jusqu'au château.

Au pied de la réserve, le "carrefour Lemonnier" est un hommage au botaniste qui introduisit le Pin sylvestre dans le massif de Fontainebleau en 1786. En provenance de Riga, ces premiers pins furent plantés dans ce qui est devenu la "Plaine des Pins", au nord-ouest du Petit Mont Chauvet.

Depuis longtemps lieu de promenade proche de la ville, le sommet du Petit Mont Chauvet a aussi porté, jusqu'en 1940, une position de batterie de canons où les élèves de l'école d’artillerie et les régiments alentour venaient s’entraîner face à un champ de tir s'étendant vers l'ouest jusqu'à 5 km de distance (et encore désigné sur la carte IGN comme "le Polygone"). Au début du XXe siècle, la population était invitée à venir assister aux manœuvres "d’un matériel qu’on n’avait pas encore vu circuler dans nos contrées", indiquait le journal l’Abeille en 1903. La réserve comporte quelques vestiges, dont des casemate ayant pu servir à abriter des munitions.

La RBD du Petit Mont Chauvet est traversée à sa base (côté ouest) par un des historiques "sentiers bleus", le numéro "9 Est".

Géologie - Pédologie

Le Petit Mont Chauvet, étagé entre 80 à 128 m d'altitude, fait partie de l'ensemble de reliefs d'axe est-sud-est / ouest-nord-ouest qui donnent au massif de Fontainebleau sa physionomie et ses milieux naturels si originaux, renforcés par les contrastes extrêmes entre substrats géologiques.

Les versants du Petit Mont Chauvet sont constitués de sables du Stampien moyen (les sables de Fontainebleau), très siliceux et pauvres et dont la partie sommitale a été grésifiée. La dalle de grès n'est visible que très ponctuellement sur le haut des versants, sans former les platières et les chaos de blocs éboulés qui forment non loin de là les reliefs typiques du Rocher d'Avon et du Rocher de Bouligny.  

Au-dessus des sables et grès, le sommet du Petit Mont Chauvet forme un petit plateau constitué de calcaire d'Etampes (Stampien supérieur). Ce calcaire affleure en couronne sur le bord du plateau, il est érodé en cailloux descendant sur le haut des versants et s'y mélangeant aux sables.

La partie centrale du plateau est recouverte d'une épaisseur variable de sables soufflés d'origine périglaciaire, à base de sable stampien remanié par le vent et plus ou moins mélangé de limons.

Les sols sont extrêmement diversifiés et d'une manière générale, ils sont peu épais. Dans la partie ouest, sur calcaire proche de la surface, on trouve des rendzines. Sur le reste du plateau, où les sables soufflés couvrent le calcaire, on trouve des sols bruns lessivés. Les versants nord et est, sur sables échappant à l'influence du calcaire, présentent des sols podzoliques ou néopodzoliques. 

Milieux naturels

La RBD du Petit Mont Chauvet est majoritairement boisée mais se distingue par la richesse de sa mosaïque d'habitats forestiers et de milieux ouverts.

Sur calcaire superficiel, en bordure de plateau et en exposition chaude, la chênaie pubescente (CB : 41.71) forme un boisement clair qui a été autrefois qualifié de "pré bois" hérité des anciennes pratiques pastorales. Sur sols plus épais et plus ou moins basiques ou acides en fonction des influences du calcaire et du sable, on passe à la hêtraie-chênaie neutrocline à Fragon (41.13 - N2000 : 9120) et à la hêtraie-chênaie acidiphile à Houx (41.12 - 9120). On trouve aussi des chênaies sessiliflores en stations trop arides pour le Hêtre. Tous ces peuplements sont plus ou moins mélangés de pins sylvestres.

Aux boisements sur sols calcaires plus ou moins superficiels sont mélangées des pelouses calcicoles sèches (34.3 - 6210), plus ou moins évoluées vers la fruticée dont elles subissent la concurrence. 

Flore

La diversité et la valeur patrimoniale de la flore de la RBD du Petit Mont Chauvet sont remarquables et tiennent principalement à ses boisements clairs et ses milieux ouverts de pelouses et de lisières calcicoles sèches. Plus de 230 espèces vasculaires ont été inventoriées.

La réserve abrite une des deux stations de Sabline à grandes fleurs du massif bellifontain ; il s'agit d'une espèce montagnarde très rare en plaine et qui est protégée en Ile-de-France. 

9 autres espèces protégées au niveau régional sont présentes dans la réserve : Amélanchier à feuilles rondes, Aspérule des teinturiers, Hélianthème en ombelle, Horningie des pierres, Laîche des montagnes, Phalangère à fleurs de lis, Petit Pigamon, Porcelle à feuilles tachées, Violette des sables. 

Faune

L’imbrication des boisements avec des arbres âgés, des pelouses et des lisières, offre des habitats diversifiés et de choix, notamment pour les insectes, l’avifaune et les reptiles.

Parmi les insectes, les orthoptères et les lépidoptères sont bien représentés grâce aux milieux ouverts. Dans la partie boisée, les coléoptères saproxyliques comportent notamment le Grand capricorne (DH2 et 4, PN) et le Lucane cerf-volant (DH2).

La Vipère aspic apprécie les expositions sud, elle peut être observée au printemps sur des tas de bois.

Plus de 40 espèces d'oiseaux fréquentent la réserve. Parmi les nicheurs les plus remarquables : Pic noir (DO1), Pic mar (DO1), Gobemouche gris, Gobemouche noir, Pigeon colombin, Pouillot siffleur, Rougequeue à front blanc. Ils sont majoritairement associés aux vieux arbres à cavités, qui profitent également aux chiroptères.

Gestion

Les principales actions de gestion de la RBD du Petit Mont Chauvet ont pour objectif la conservation des milieux ouverts (pelouses et ourlets) soumis à l'envahissement par le Prunellier et autres ligneux : débroussaillement, arrachage de semis de pins, attention particulière portée à la station de Sabline. 

Si les enjeux de conservation des milieux ouverts et de leurs espèces sont prépondérants, la préservation des boisements et le développement de la naturalité forestière ne sont pas oubliés.

En plus de la conservation d'arbres à cavités, les chiroptères ont été favorisés par la mise en place de grilles à l’entrée des anciennes casemates.

Ressources