Réserve biologique intégrale du Rocher de la Combe
Le Rocher de la Combe est une des sept réserves biologiques intégrales de la forêt domaniale de Fontainebleau. Elle fait partie des trois RBI créées en 2014 pour compléter les toutes premières RBI de 1953, elles-mêmes issues des séries artistiques créées en 1861.
La RBI du Rocher de la Combe est concernée par la vaste ZNIEFF de type 1 "Massif de Fontainebleau", qui englobe toute la forêt domaniale et à laquelle sont superposées une ZSC et une ZPS.
Depuis 1965, la forêt de Fontainebleau est un site classé au titre de la loi sur les sites et paysages de 1930. Les forêts domaniales de Fontainebleau, des Trois Pignons et de la Commanderie constituent la plus grande partie de l'aire centrale de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais créée en 1998. Pour une protection maximale contre diverses pressions foncières, le massif a été classé en forêt de protection en 2002. Enfin, il a reçu le label Forêt d'Exception en 2012.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Histoire
Globalement, comme la plus grande partie de la forêt de Fontainebleau, la RBI de Rocher de la Combe est constituée de forêt ancienne, déjà présente au XVIIIe siècle, mais qui a connu des vicissitudes. En 1716, M. de la Faluère, grand maître des Eaux et Forêts, faisait état de :
- une partie de "rochers ingrats de nulle valeur" peuplée de bouleaux et de "chênes épars à réserver", dans lequel "il ne convient de ne faire aucune coupe" ;
- une partie de "chênes, bruyère et genévrier avec un assez bon nombre de bouleaux de tout âge jusqu’à 70 ans - à abandonner" (sud-est de la réserve) ;
- une "ancienne futaie de chênes de 200 ans assez bien plantés", sur un "fond mêlé de rochers", "à couper en 1722" (bord sud-est de l’actuelle parcelle 170).
De cette époque probablement, un chêne a été épargné en bordure de la route d'Orléans (actuelle RD 152), il s’agit du chêne président de 5,30 m de circonférence.
Le site du Rocher de la Combe abrite d'anciennes carrières de grès. L’exploitation de grès à Fontainebleau a commencé dès le XIVe siècle, pour produire des pierres de construction et des pavés. L’apogée des extractions fut atteinte en 1829. Réparties sur un nombre considérable de bancs rocheux, elles étaient réalisées sans tenir compte des peuplements forestiers ni des routes, et sans combler les excavations ni régaler les nombreux débris d'exploitation. De nombreux pierriers, traces de cette activité ancienne, sont encore visibles dans la RBI du Rocher de la Combe
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Géologie - Pédologie
La partie nord de la réserve repose sur des sables de Fontainebleau ou sur le banc de grès qui les surmonte (sous-étage géologique du Stampien moyen). Sur le haut de la croupe formée par le Rocher de la Combe, le grès constitue une platière, massive, avec des zones d'accumulation temporaire des eaux de pluie. En bordure du rocher, avec l'affouillement des sables sous-jacents par l'érosion, la platière gréseuse s’est fracturée et a donné naissance à des chaos de blocs sur le versant.
Au sud et à l'ouest, le substrat du plateau est formé par le calcaire d’Etampes (Stampien supérieur).
En situation de plateau notamment, les substrats sont recouverts d'épaisseurs variables de limons des plateaux (sables soufflés). En fond de vallée sèche, les matériaux superficiels sont un mélange de sable et de grèze (cailloutis calcaire).
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Milieux naturels
Le Hêtre et les habitats de hêtraies sont bien représentés dans la réserve. En fonction des conditions stationnelles, en particulier de l'épaisseur de sables et limons et de l'influence plus ou moins sensible du calcaire sous-jacent, ces habitats vont de la hêtraie acidiphile atlantique (CORINE Biotopes : 41.12 - Natura 2000 : 9120) à la hêtraie neutrophile atlantique à Fragon (41.13 - 9130).
Ces habitats de hêtraies sont souvent représentés par des sylvofaciès dominés par le Chêne sessile voire le Pin sylvestre. La limite est cependant difficile à établir entre ces sylvofaciès et l'habitat de chênaie sessiliflore (41.52) formant "climax stationnel" sur sols plus acides et secs.
La RBI ne comprend pas moins de 7 mares permanentes (alimentées au moins 8 mois de l’année) en état de conservation bon voire optimal, comme la mare aux Corneilles qui abrite des habitats très rares pour l’Ile-de-France : végétation des eaux peu profondes à renoncules (22.432), végétation flottante à utriculaires (22.414).
Au voisinage des mares, on trouve aussi de minuscules zones de saulaie marécageuse (44.921) voire de boulaie tourbeuse (44.A1 - 91D0) et de prairies acidiphiles à Molinie (37.312 - 6410) .
une mare permanente
©Dominique Amon-Moreau / ONF©Dominique Amon-Moreau / ONF
Flore et fonge
L’originalité floristique de la réserve n’est pas dans les hêtraies ni dans les chênaies, à flore forestière typique et plutôt banale, mais au niveau des zones humides de platière.
On y rencontre pas moins de 5 espèces de sphaignes (Sphagnum cuspidatum, S. fimbriatum, S. palustre, S. rubellum, S. fallax) qui colonisent l’espace en fonction de la microtopographie.
En mosaïque avec ces milieux humides, les platières portent des landes sèches avec des espèces caractéristiques comme la Bruyère cendrée.
L'emblématique Alisier de Fontainebleau (protégé au niveau national) ponctue de ci-de là le territoire de la RBI, qui abrite aussi deux espèces protégées au niveau régional : le Trèfle rouge et l'Hélianthème en ombelle.
Comme en règle générale dans les RBI, l'intérêt potentiel de la réserve du Rocher de la Combe réside moins dans la flore vasculaire que dans des groupes tels que les champignons lignicoles, qui sont à même de profiter des boisements laissés en libre évolution et s'enrichissant en bois mort. Un inventaire réalisé par le réseau Mycologie de l'ONF de 2017 à 2020 sur l'ensemble des RBI bellifontaines a mis en évidence 58 espèces dans la RBI du Rocher de la Combe, ce qui est peu en comparaison d'autres (Gros Fouteau, Tillaie...) mais cohérent avec le fait que cette réserve ne soit en libre évolution que depuis la fin des années 1990.
©ONF
Faune
La faune de la réserve du Rocher de la Combe, de création récente et beaucoup moins explorée que les RBI "historiques", reste peu connue.
Les amphibiens de la mare aux Corneilles ont été inventoriés : elle abrite (tous protégés) la Grenouille agile (DH4), le Triton palmé, le Triton ponctué.
Plusieurs espèces d'oiseaux emblématiques du massif de Fontainebleau sont présentes dans la réserve : Pouillot de Bonelli, Pipit des arbres, Gobemouche noir, Rougequeue à front blanc. Ces deux dernières espèces, cavicoles, sont présentes principalement dans les peuplements forestiers matures à gros ou très gros bois.
Gestion
Les peuplements forestiers et l'ensemble de la RBI (mares comprises) sont laissés en libre évolution. Seules des opérations de sécurisation des peuplements sont conduites le long des chemins et routes qui bordent la réserve (en particulier la RD 152, la Route Ronde, la Route Clémentine). L'accès à l'intérieur de la réserve est interdit, principalement pour des raisons de sécurité du fait de l'abondance d'arbres morts et du risque de chute de branches.
En dehors des actions de sécurisation, importantes dans le contexte d'un massif fréquenté, la gestion de la RBI consiste essentiellement en études : suivi des peuplements forestiers, inventaires naturalistes.
La chasse au petit gibier est interdite, comme dans toute RBI, mais la régulation des ongulés est maintenue, en l'absence de prédateurs. Quelques chemins sont entretenus pour ce motif, les autres sont abandonnés.