Gestion durable des forêts à Villard-Saint-Pancrace : entretien avec le maire Sébastien Fine

Le 26 mai 2025, la commune de Villard-Saint-Pancrace a organisé, en partenariat avec l’ONF, une rencontre participative autour de sa forêt communale. À travers ateliers et échanges, habitants et professionnels ont partagé leur vision de la forêt. Le maire, Sébastien Fine, revient sur cette démarche collective et les enjeux de la gestion forestière dans sa commune.
"Notre forêt est un bien commun à faire vivre ensemble" Sébastien Fine, maire de Villard-Saint-Pancrace

Pourquoi avoir organisé cette rencontre autour de la forêt communale ?

Ce n’est pas la première fois que nous invitons la population. En 2024, nous avions déjà organisé une opération sur le terrain avec de nombreuses animations autour de Vis ma vie de bûcheron. La journée du 26 mai 2025 s’inscrit dans cette continuité. Elle fait suite à des ateliers et des questionnaires participatifs qui ont permis de faire remonter des attentes, mais aussi des problématiques liées aux différents usages de la forêt, parfois difficiles à faire cohabiter.

Quels étaient les objectifs de cette journée ?

L’idée était de réunir à la fois les professionnels et les usagers pour échanger sur la gestion forestière. Cette démarche a été portée par la commune, l’Association des communes forestières, l’Association Forêt alpine, avec l’appui du Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE).

Après la présentation de l’ONF, nous avons organisé quatre ateliers participatifs. Ce format a permis à chacun de s’exprimer librement. Il en ressort que, oui, il y a de nombreux usages, mais qu’il faut que tous arrivent à cohabiter pour préserver ce patrimoine pour nos générations futures.

La forêt communale est aussi un terrain d’étude scientifique, n’est-ce pas ?

En effet. L’INRAE mène depuis plusieurs années un diagnostic scientifique sur notre forêt de mélèzes. Grâce au gradient d’altitude, ils peuvent observer les effets du réchauffement climatique sur une courte distance, ce qui est exceptionnel. Nous avons voulu associer la population à ces études pour mieux sensibiliser à ces enjeux.

La commune est-elle engagée pour aider la forêt face au changement climatique ?

Nous avons organisé une opération de plantation avec les enfants, appelée 1000 arbres. Nous avons planté du pin noir et d’autres essences moins connues ici, pour tester leur adaptation au changement climatique. Pour l’instant, la forêt ne subit pas de dommages majeurs, mais on observe que le mélèze remonte en altitude, entre 2000 et 2100 mètres, là où on ne le voyait pas avant.

La biodiversité semble aussi au cœur de vos préoccupations

Absolument. Une grande partie de notre territoire est concerné par la Réserve biologique dirigée (RBD) du Bois des Ayes et en Zone de protection spéciale (ZPS), notamment pour le tétras lyre. Cela fait plus de 30 ans que nous gérons cette réserve biologique avec une approche participative, en associant les services de l’État, les associations, les chasseurs… C’est ce modèle que nous souhaitons étendre à la gestion de la forêt communale, dont le plan de gestion arrive à échéance en 2029. Nous envisageons d’impliquer les citoyens dans son élaboration à travers un atelier autour de la question : Comment est-ce qu’on voit la forêt et comment est-ce qu’on la vit ?

Quel est le lien des habitants avec leur forêt ?

Il est très fort. La forêt couvre 70 % du territoire communal. Beaucoup d’habitants ont grandi ici, au pied du mélèzin. L’affouage est une tradition très ancrée. La forêt est aussi un lieu de promenade, de cueillette, de pastoralisme. Depuis le confinement, la fréquentation a explosé. Nous avons aussi une société de chasse très active, qui compte aujourd’hui 70 membres, contre une quarantaine il y a quelques années. La nouvelle génération prend le relais.

Et sur le plan économique ?

Le bois, principalement du mélèze, est une ressource importante. Nous essayons de valoriser nos bois dans une logique de filière courte, avec une certification PEFC et une intégration dans la filière bois des Alpes. Mais l’accessibilité du massif reste un frein : certaines voies ne permettent pas le passage de gros grumiers.

Un dernier mot sur l’avenir de la forêt ?

La forêt est un lieu de biodiversité, de protection contre les risques naturels, mais aussi une réserve en eau précieuse. Elle irrigue le bassin marseillais, qui en dépend. Il est essentiel de continuer à la gérer collectivement, avec tous les acteurs du territoire.

Journée d'échange participative, le 26 mai