Deux ans après : retour sur la tempête Alex

Le deux octobre 2020, les Alpes-Maritimes ont été particulièrement touchées par la tempête Alex. Un épisode pluvieux très intense a provoqué des crues exceptionnelles sur trois cours d'eau de montagne : la Tinée, la Vésubie et la Roya. Qu'en est-il deux ans après ?

Crue de la tempête Alex en résumé

La tempête Alex fut exceptionnelle du fait des précipitations extrêmes, des crues intenses et de longue durée avec des débits liquides forts, des évolutions morphologiques remarquables et rarement observées dans de telles proportions. Les dégâts furent considérables : 30 ponts détruits et 15 menaçant de tomber en ruine, 171 bâtiments dévastés, 52 menaçant de s'effondrer, 134 partiellement abîmés et 25 kilomètres de routes endommagées. Les bâtis ont été impactés dans leur grande majorité par affouillement des fondations, et dans une moindre mesure, par engravement ou inondation. L'affouillement des fondations résulte soit d'une érosion directe, du fait des fortes vitesses d'écoulement, soit d'un recul de berge, parfois spectaculaire dans le cas de la crue du 2 octobre 2020. Les flottants de grande taille ont été un facteur fortement aggravant entraînant une amplification des phénomènes de divagation et de respiration des lits et un impact dynamique sur les bâtiments. Plus de 400 bâtis ont été endommagés à des degrés divers par les phénomènes d'inondation, d'engravement et d'affouillement. 

Suite à la tempête Alex, les premiers mois ont été consacrés au relevé des événements, à la caractérisation des phénomènes torrentiels et à l'organisation du retour d'expérience technique (RETEX). La Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) des Alpes-Maritimes a diligenté un  RETEX pour caractériser et comprendre les phénomènes hydrologiques et morphologiques qui se sont produits, afin d'en tirer les enseignements pour la reconstruction et la prévention des risques. Piloté par le service Restauration des Terrains en Montagne (RTM) Alpes-Maritimes de l'ONF et la Direction des risques naturels, ce retour d'expérience a été conduit en collaboration avec des partenaires dans le domaine de la recherche ainsi qu'avec les autres services RTM. 

 

 

Dégâts suite à la tempête Alex dans la vallée de la Vésubie. - ©Florent Battiston/ONF

Le service RTM, dans le cadre de sa mission d’intérêt général d’appui au préfet, a apporté sa contribution à de multiples actions de prévention des risques :

  • Contribution aux ateliers d’appui à la Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI), à la demande du préfet nommé à la reconstruction des vallées afin de fournir des connaissances, de produire des analyses et des recommandations pour un réaménagement résilient des territoires impactés ;
  • Accompagnement du service Risques de la DDTM dans la mise en œuvre des mesures de prévention des risques en direction des collectivités et des familles sinistrées. Il s’agissait de pouvoir « dire le risque » à partir des éléments de connaissances acquis sur le terrain lors des nombreuses missions de reconnaissance de 2020 et des analyses techniques portées à l’avancement, au fur et à mesure des besoins ;
  • Participation au comité résilience où étaient examinés les projets de reconstruction portés par les collectivités ;
  • Assistance à maîtrise d’ouvrage dans le cadre du lancement des études des Plans de prévention des risques inondations sur les deux vallées de la Vésubie et de la Roya ;
  • Partage d’expérience sur le phénomène, ses impacts, sur les méthodologies développées.
Photo de dégradations suite au passage de la tempête Alex, vue aérienne de Saint-Martin-Vésubie.
Dégradations suite au passage de la tempête Alex, vue aérienne de Saint-Martin-Vésubie. - ©Florent Adamo/CEREMA Méditerranée

Comment prévenir le risque torrentiel ?

Quels enseignements pour réduire la vulnérabilité des infrastructures et bâtiments ? Les services de l'Etat mettent en oeuvre une stratégie ambitieuse de délocalisation des enjeux vulnérables avec la poursuite d'un double objectif : l'indemnisation immédiate des sinistrés et la prévention à long terme en sortant définitivement les habitants des zones à risques. En octobre 2022, le bilan est le suivant : sur les 250 biens bâtis considérés comme éligibles au dispositif de délocalisation, qui consiste à faire acquérir les biens exposés par la collectivité pour les soustraire au risque, 128 ont été acquis à ce jour et 28 démolis. 

Deux étapes sont fondamentales : à court terme, prendre en compte rapidement la nouvelle connaissance du risque pour accompagner les premières années de la reconstruction et intégrer l'aléa torrentiel dans les décisions réglementaires via le Porter A Connaissance (PAC) de mars 2021, et à long terme, élaborer des Plans de prévention des risques (PPR) d'inondations torrentielles pour doter les territoires d'outils de connaissances du risque, de maîtrise de l'urbanisation et de réduction de la vulnérabilité de l'existant.

 

Journée de la résilience

Affiche Journée de la résilience.

Le 11 octobre 2022, s’est tenue la première édition de la journée « Tous résilients face aux risques ». Des événements ont été organisés pour sensibiliser et informer l’ensemble des français des risques présents dans nos territoires, apprendre et diffuser les bons réflexes à avoir face à une catastrophe naturelle ou un accident industriel.

 Cette journée a été l’occasion pour le service RTM des Alpes-Maritimes de partager les connaissances sur le risque torrentiel en revenant sur les crues du deux octobre 2020, qui ont fortement impacté les vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée, sous la forme d’une conférence. Une trentaine de participants étaient présents.